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L’avenir du DPE : entre incitations et incohérences réglementaires

Retour à l'accueilPublié le Publié le 06 Août 2025
L’avenir du DPE : entre incitations et incohérences réglementaires

Une évolution du DPE qui suscite le débat

Le gouvernement a récemment dévoilé une réforme significative concernant le Diagnostic de performance énergétique (DPE), qui entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Cette modification concerne le coefficient de conversion de l’électricité, qui sera abaissé de 2,3 à 1,9. Présentée comme une harmonisation avec les recommandations de l’Union européenne, cette mesure vise à refléter l’évolution du mix énergétique français, marqué par une croissance des énergies renouvelables dans la production électrique.

Des conséquences immédiates et concrètes

Bien que cette modification puisse paraître technique, son impact sur le marché immobilier et les perspectives de rénovation énergétique est considérable. D’une part, la réévaluation bénéfique pour les logements chauffés à l'électricité sera automatique, sans nécessiter d’améliorations physiques dans les logements concernés. Cela entraînera la requalification d’environ 850 000 habitations, qui ne seront plus désignées comme passoires thermiques, uniquement en raison de ce changement de calcul.

Cette nouvelle pondération risque également de privilégier davantage l’électricité au détriment d’autres solutions performantes, telles que les systèmes hybrides, les dispositifs connectés à des réseaux d’eau chaude ou encore les chaudières utilisant des énergies renouvelables ou du biogaz. De plus, le DPE pourrait ainsi s’éloigner des réalités vécues par les occupants, notamment en ce qui concerne les dépenses énergétiques réelles, qui sont calculées en énergie finale.

Pour les propriétaires bailleurs, voir leur logement changer de catégorie sans travaux réels pourrait conduire à un ralentissement des investissements dans la rénovation, compromettant la dynamique impulsée ces dernières années.

Un climat d’incertitude pour les professionnels du bâtiment

Du point de vue des acteurs de la filière, cette modification du DPE n’est pas sans risque. Les artisans impliqués dans des projets de rénovation globale pourraient se trouver lésés, tandis que les particuliers risquent de perdre leurs repères dans l’interprétation du DPE. Selon certaines organisations professionnelles, ce changement pourrait freiner la progression vers les objectifs fixés par la Stratégie nationale bas carbone, qui repose sur une mobilisation et une planification stable et claire.

Vers une rénovation énergétique cohérente et équitable

Afin que la transition énergétique bénéficie à tous, il est essentiel que les outils réglementaires tels que le DPE demeurent fiables, transparents et compréhensibles. Les ajustements impulsés par l’État devraient s’accompagner d’une concertation approfondie avec l’ensemble des parties prenantes pour garantir que les décisions prises favorisent une rénovation réellement efficace et équitable.

Dans ce contexte en pleine mutation, il reste indispensable de maintenir l’équilibre entre incitation à la rénovation, stabilité réglementaire et cohérence avec les pratiques du terrain, afin que chaque acteur, qu’il s’agisse d’usagers, de bailleurs ou de professionnels, puisse jouer pleinement son rôle dans l’amélioration collective du parc immobilier.

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